ANIMAL FATAL
« L’homme occidental en s’arrogeant le droit de séparer radicalement l’humanité de l’animalité et en accordant à l’une tout ce qu’il retirait à l’autre, ouvrait un cycle maudit. Celui de l’oppression de l’homme par l’homme »
Claude Lévi-Strauss, Tristes Tropiques
Chercher, être à l’affût, feuilleter, se plonger dans un univers, imaginer, assembler, s’émerveiller, créer… Mon regard soudain m’a conduit vers le monde des animaux.
Ce fût d’abord le Gulliver de Jonathan Swift et son grand voyage. Souvenons-nous du règne de ces chevaux extrêmement intelligents : Ils se prénommaient les Houyhnhnms qui signifie étymologiquement « perfection de la nature ».
C’est aussi la poésie de Marie Huot qui nous dit : Quand je secoue mes livres il y a plein de petits animaux qui tombent.
Puis il y a les oeuvres d’Edi Dubien aux « Grandes Locos » lors de la récente Biennale d’Art Contemporain de Lyon. Ce dernier, qui illustrera un merveilleux ouvrage du poète Jacques Roubaud : Les animaux de personne / les animaux de tout le monde.
Edi Dubien compare les animaux de personne aux migrants.
Nos références au monde animal apparaissent comme une évidence et avant tout comme un lien profond à notre enfance. C’est bel et bien ce lien qui nous touche profondément dans le film de René Clément (1952) « Jeux Interdits » où les enfants se mettent à créer des sépultures pour tous les animaux morts qu’ils découvrent.
Alors je me suis tournée peu à peu vers ces animaux de papier comme si j’avais décidé de les aimer, de les honorer, de les choyer. Je vais chercher chez eux ce qu’il y a de plus drôle, de plus singulier, de plus majestueux, ou de plus sage.
Et si notre rapport à l’animal définissait notre rapport à l’humanité ?
Et si nous commencions réellement à entrouvrir des portes vers un autre monde, vers un monde plus à l’écoute…